Quelles sont les marges de manœuvre d’un président d’université en France en 2016 ?
Interviews de François-Noël Gilly, ancien président de l’université Lyon 1, réalisées les 2 et 3 mai 2016 par Frédéric Tournier, maître de conférences, université Paris Diderot.
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Présentation :
Depuis la décision du ministère en avril dernier de retirer l’Idex à l’université Sorbonne Paris Cité, les communautés universitaires s’interrogent sur la démarche à mettre en place et sur l’option de fusionner les établissements, ou certains d’entre eux, option dès à présent privilégiée par les dirigeants des universités (voir les lettres des président.e.s des quatre universités, P3, P5, P7, P13 datées de juin 2016).
L’interview du professeur François-Noël Gilly, président de l’université Lyon 1 de mars 2012 à mars 2016 apporte des éléments sur la politique universitaire et en particulier sur les opportunités de fusion des universités (dans son cas, Lyon 1, Lyon 2, Lyon 3 et Saint Etienne) qui peuvent nous faire réfléchir quant au bien fondé de ces restructurations.
Le constat initial apporté par le ministère de l’époque était le trop grand nombre d’universités en France et le manque de visibilité de la recherche française au plan international. Cette « visibilité » est renseignée par des classements internationaux de type classement de Shanghai, qui ne reflètent en rien le système français et son découpage historique en universités et en centres de recherche. La nécessité de regrouper des structures est peut-être légitime mais la fusion d’universités parisiennes ou lyonnaises qui se sont différenciées depuis quarante ans ne pourra pas se faire sans déconstructions importantes et conflits variés en fonction des secteurs.
Une université comme Paris Diderot, pluridisciplinaire, avec 4500 personnels et 27000 étudiants répartis dans les trois grands secteurs de recherche et d’enseignement, est déjà elle-même difficile à « piloter ». C’est en participant de 2008 à 2013 au travail de l’équipe présidentielle, comme chargé de mission, puis délégué du président et enfin vice-président que j’ai mieux compris son organisation et son fonctionnement. Depuis 3 ans, je n’ai plus, comme la majorité de mes collègues, qu’une vision parcellaire du travail accompli par la présidence et les Services centraux. Ce n’est pas un reproche fait à l’équipe actuelle, cela montre simplement la difficulté d’inclure l’ensemble des personnels à la « vie universitaire » et de faire de l’université une structure « collégiale et démocratique », terme si souvent évoqué !
Il est tout de même troublant que la loi ESR de 2013 prévoyait trois modes de regroupements possibles pour les établissements (associations, confédérations, fusions) et qu’aujourd’hui, seule la fusion des universités soit prise en compte par le jury de l’Idex dans l’accompagnement financier des structures universitaires.
Sur de nombreux points, l’expérience de François-Noël Gilly apporte des éléments qui pourraient contribuer au débat que nous devons avoir sur ces questions essentielles pour la continuité de nos travaux d’enseignements et de recherches.